L’Histoire de l’obésité à travers les siècles

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Dans son livre « Les métamorphoses du gras : histoire de l’obésité« , l’agrégé de philosophie et professeur de gymnastique Georges Vigarello nous raconte la perception de l’obésité au cours des siècles et ce à partir du moyen-âge.  C’est surtout l’histoire de sa disgrâce progressive qui est tracée dans ce livre.

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L’auteur a ainsi essayé de répondre à ces questions : à quels moments, le gros est-il devenu objet de dépréciation ? Le gros était-il perçu de la même façon par tous ? L’obésité des femmes était-elle tolérée de la même façon que celle des hommes ?

La perception de l’obésité au cours des siècles

L’ouvrage se compose de 6 parties, les 6 périodes historiques qui ne concernent que l’Europe occidentale.

Avant le moyen âge, le gros était absent car les fresques de l’époque refusaient d’exprimer les variations de silhouette et la rareté des denrées alimentaires empêchaient la population de s’empâter.

A l’époque médiévale, le gros était synonyme d’abondance et de santé ; Il était rarement injurié car être gros était un prestige dans un monde où la faim sévissait. Cependant le « très gros » qui se caractérisait par des difficultés à se mouvoir, monter à cheval pour faire la guerre suscitait des critiques. On lui reprochait sa gloutonnerie et son avidité qui sont des péchés.

A la renaissance, le gros représentait la lenteur, la mollesse, l’absence de curiosité, des caractères qui s’opposaient aux valeurs d’efficacité et d’activité de ce siècle.

En 1701, le mot « obésité » avait fait son apparition dans le dictionnaire de Furetière, non plus pour désigner une corpulence mais pour définir une maladie qu’on cherchera à traiter. Le siècle des lumières a ainsi condamné le gras.  Le gros se retrouvait surtout chez les plus aisés de la société. Les financiers bedonnants ont vu apparaitre à cette époque les pesées systématiques.

 L’association du gros avec le repu bourgeois s’est accentuée au 19e siècle, surtout en ce qui concerne la force symbolique du gras et ses rapports avec la société. A cette époque le ventre, même gros, était synonyme de respectabilité chez les bourgeois. Cependant, la minceur et la fragilité étaient les traits obligés de la silhouette féminine.

La minceur , un capital :

Le 20e siècle est celui de toutes les métamorphoses.

Les femmes devaient être minces et élancées car la mode était aux des vêtements aux lignes étroites et sans taille. Être très gros est ainsi devenu monstrueux à cette époque. Dès les années 20, on s’inquiétait déjà de la cellulite et l’obésité était vécue comme une souffrance.

De nos jours, l’obésité est vue comme un mal, un fléau, une épidémie. La maîtrise du poids est devenue objet de volonté personnelle. L’obèse est vu comme quelqu’un incapable de se maîtriser et sans volonté, figé dans une image d’impuissance.

Le corps est ainsi devenu de nos jours le lieu d’identité de l’individu, il « est » son apparence . L’identité des personnes est leur désignation corporelle, ce corps par lequel l’obèse est identifié, malgré son désir d’en changer.

Enfin, ces passionnantes « métamorphoses du gras » s’inscrivent dans un paradigme singulier, celui du 21e siècle. Quel est son sens ? Pourquoi cherche-t-on toujours à prendre du recul sur les images et les conceptions imposées par les siècles précédents ? Une question que le futur se chargera peut être d’y répondre.